Angry Blackmen – The Legend of ABM (Deathbomb Arc, 2024)

Le mélange de rap et d’indus n’a rien de neuf sans jamais avoir acquis une reconnaissance autre que critique. Autant le premier album de El-P, Fantastic damage, ou le premier Cannibal Ox, ainsi que le monumentale Brotherhood of the bomb de Techno Animal, et la discographie très confidentiel de Dalek, pourrait être considérée comme ses fondations, il a fallu attendre Death Grips ou Yeezus de Kanye West pour voir les sonorités techno et les débordement noise mélangé à des flows et des beats syncopés toucher un plus large public.

Depuis, le genre a trouver enfin un public dans le milieu rock et rap indépendant avec le succès grandissant de Jpegmafia, Death Grips, toujours, et les expérimentations plus confidentiels de ShapedNoise, fatboi Sharif (en featuring ici sur Dead man tell no lies) & Steel Tipped Dove, Injury Reserve, ou Backxwash pour voir l’appellation devenir un style à part entière.

Tout ca pour dire qu’Angry Blackmen s’inscrit dans une longue tradition avec The Legend of ABM et y trouver leur place a coup de beats inspirés du Year zero de Nine Inch Nails et d’un flow crache et énergique pour un contraste pas si éloigné du duo de MC de Flatbush Zombies. Les deux MC’s font feu de tout bord sur leurs morceaux et dansent autour des rythmiques techno parfois pas si éloigné de Timbaland ou de Pharrell Williams quand il donne l’air de remixer Grindin’ de Clipse sur le bien nommé GRIND.

The Legend of ABM ne manque donc pas d’expérimentation sans oublier d’être accrocheur et d’allier un discours anarchiste à leur univers sonore cyber-punk. Angry Blackmen fait corps avec son étiquette rap et industriel pour un résultat au croisement du rock industriel pour les sonorités et du rap pour l’énergie et les textes revendicatifs. Le meilleur de l’un et de l’autre pour un groupe incontournable.