Gouge Away – Deep Sage (Deathwish Inc, 2024)

Kurt Cobain aurait exprimé son regret, après avoir entendu Gigantic des Pixies, que Kim Deal ne chantait pas plus souvent dans les Pixies. Un tort réparé à moitié par les Breeders et écouté aussi par Gouge Away dont le nouvel album ne s’arrête plus à emprunter au Pixies leur nom de groupe. Avec Burnt Sugar en 2018, Gouge Away s’etait presente comme un groupe de hardcore aux reflets post-hardcore mais a la fondation encore fragile. Deep Sage rattrape le coup avec un son desormais consolide par la synergie du bassiste Tyler Forsythe, et du batteur Thomas Cantwell, déjà associe au sein du groupe de hardcore a la Turmoil, Axis. Les lascars retrouvent ici un peu de leur son et insufflent par moment des instantanés de complexité et procurent aux chansons une fondation solide pour des débordements noise.

Les six ans passés entre Burnt Sugar et Deep Sage ont été mis à profit pour permettre aux guitares de Mick Ford et Dylan Downey de s’accorder avec la voix de Christina Michelle. La symbiose permet a la chanteuse d’explorer des registres d’emotions varies et aux guitares de lui répondre avec créativité dans un format parfois hardcore (Stuck in a dream, Spaced ou), post-hardcore (Overwatering), voir proche du rock noise des Breeders et des Pixies (A welcome change, Newtau, Dallas).

Deep Sage est ainsi un disque qui déborde d’émotions et d’intelligence. La production discrète de Jack Shirley dont le talent pour saisir un instantanée d’un groupe en plein ascension n’est plus à prouver (coucou Sunbather de Deafheaven) ou démêler le noise de la mélodie (voir le dernier Jerome’s Dream) n’a eu besoin que de polir des prises intense pour faire de titres autrement intense des petits bijoux de rock indé.

Avec un tel disque en or massif, Gouge Away n’aura pas de mal a se faire de la place sur les affiches de festival rock inde tout en conservant sa place dans des affiches plus hardcore ou screamo. Assurément l’un des incontournables de l’année.