[Live Report] Botch a Botanique (Bruxelles, Belgique) le 15 Mars 2024

Aussitôt revenu, aussitôt parti, Botch signe sa révérence sur une longue tournée européenne. Critiqué pour le prix des places (40 euros un peu partout) dans des lieux souvent très grand, voir trop grand (le concert de Berlin dut être déplacé dans une plus petite salle) pour un groupe culte à l’actualité réduite, la formation a toutefois le privilège de jouer dans de bonnes conditions au lieu de faire une tournée un peu a l’arrache comme ils en étaient encore capable il y a vingt ans. La moyenne d’âge du groupe et de son public se retrouve aussi sur une bonne moyenne de quarante balais bien tassés et justifie à elle-même la taille conséquente du bus stationne devant la salle, suffisant pour accueillir les deux groupes, Botch et Great Falls, et le choix d’un lieu prestigieux.

Pour l’avoir testé l’an dernier avec un concert de Year of no Light ou le groupe avait fait le trajet spécialement de Bordeaux pour pouvoir y jouer, Botanique ne vole pas sa réputation et accueille donc cette prestation avec un son au top. Sur place, le look des quarantenaires belge me ramène à l’atmosphère des concerts parisiens d’il y a quinze ans. Traduction: Beaucoup de barbes garnis et de crânes dégarnis. Le constat est identique sur scène à la chose près que le groupe assure à fond malgré les commentaires du chanteur sur leur âge.

Seule preuve de l’âge du groupe, l’enthousiasme manifeste du chanteur, Dave Verellen, quand un spectateur tend du fromage sous vide en guise de cadeau et la presence d’un chat empaille, prénommé Chauncey, en guise de mascotte sur l’ampli basse de Brian Cook. Derrière l’enthousiasme et une performance dynamique, on peut percevoir dans les remarques du chanteur un peu de regret quand il aborde la question de la finalité de cette tournée. Pour Botch, contrairement à Slayer, Kiss, ou Bane, c’est bien la der des der. Hasard des calendriers, la prochaine tournée de Russian Circles, le job à plein temps du bassiste, a annoncé une nouvelle tournée européenne dans peu de temps. Une occasion pour lui de revoir certaines des têtes croisées avec Botch mais sans les trois autres.

Raison de plus pour le reste du groupe de ne pas se ménager quand il s’agit interpréter des titres de toute leur discographies, y compris le morceau écrit durant la pandémie sur le droit a l’avortement, seule fruit de cette réformation en dehors de leur tournée d’adieu. La set list est satisfaisante pour tous les fans avec du We are the romans (To our friends in the great white north, Thank god for worker bees, Transitions from persona to object), du American nervoso (John Woo, Oma, Hutton’s great engine) et presque tout le EP An anthology of dead ends à l’exception de Micaragua. Le genre de set list auquel on aurait pu avoir droit pour une tournée promo en 2002 (il y a vingt-deux ans pour celles et ceux qui tiennent les comptes) et auquel on avait eu droit au Patronaat a Haarlem l’an dernier. Faut avouer qu’ils n’ont ni une discographie extensive, ni le budget a faire monter des choristes sur scène pour le final de We are the romans.

Bien conscient de son statut et de son public, Botch ne perd pas de temps entre les morceaux à l’exception de quelques blagues à la fois drôles et touchantes. Tout est bien huilé mais s’enchaîne avec générosité sans manque d’une bonhomie attendrissante trop rare chez les groupes en tournée un peu perdu entre les lieux et les visages. Une fois le « faux » rappel interprété, annoncé comme une pause plutôt qu’un besoin de se faire masser leur ego, le groupe se barre doucement mais pas autant que le chanteur qui distribue tout seul les set lists et descends pour serrer des mains des fans qu’il sait ne jamais revoir une fois que le bus repartira pour la prochaine ville. Si cela ne nous convient pas d’une prochaine reformations de Narrows, je ne sais pas ce qu’il vous faut. A l’issu du concert, pas un visage ne semble trahir un sentiment de déception, juste la satisfaction d’avoir enfin pu voir ce groupe culte sur scène une dernière, ou un première fois. Bref, c’était bien et Botch nous manquera a toutes et a tous, même à eux.