Gillian Carter – Salvation through misery (Self released, 2022)

Le silence radio assourdissant imposé par Gillian Carter m’avait fait craindre le pire après la sortie d’un album rétrospectif en 2018 mais les voilà enfin de retour avec un nouvel album. Fils illégitime de Gillian Anderson et de Chris Carter (X-Files), le multi-instrumentiste Logan Rivera avait toujours tenu la dragée haute a Loma Prieta par la causticité de leurs riffs jusqu’à en faire l’un des groupes les plus volcanique du genre.

Avec Salvation through misery, le duo formé par Robert Caruso (basse) et Rivera (tout le reste) a poussé la violence au degré supérieur. Un coup d’œil aux titres des morceaux (Life is hell, hell is fucked, Watching a friend die…) suffirait à s’en convaincre mais le groupe ne s’est pas arrêté là. Chargé de trémolos et de distorsion, les nouvelles compositions charcuteries en l’air avec une intensité telle que les curieuses et curieux moins avisés pourraient croire à un nouveau groupe de black metal. Seule l’absence de blast a coup de double grosse caisse semble aujourd’hui les séparer de la frontière fragile entre les trémolos du screamo et de leurs cousins sensibles mais sataniques.

A pale grim face illuminates the sky / A trove of darkness humming in my head / Living in the current, I swim against the past (extrait de Forced into a world of shit).

La présence un brin surprenante d’une reprise très fidèle de South of heaven de Slayer en 2020 avait néanmoins préparé le terrain. Les morceaux restent néanmoins fermement plantés dans le monde du screamo et non du thrash metal avec toutefois le même résultat, celui de croire entendre une horde de démons s’affronter dans un combat sanglant. Avec la présence encore une fois de mélodie à l’harmonica pour adoucir un peu les morceaux et une sensibilité brûlante, Salvation through misery est un disque cohérent et puissant capable de faire sa place entre une valeur montante comme Joliette ou la virulence de Full of Hell.