Sorcerer – Devotion (Frozen Records, 2024)

Sorcerer est à Trapped Under Ice ce que Dark Souls est à Final Fantasy, un lointain cousin avec un vague air de famille, un outillage similaire contrebalancé par une attitude opposée. Là où la légende de Baltimore a une posture quasi héroïque face aux obstacles de la vie, Sorcerer endosse une armure pleine d’encoche et de souvenir des défaites passées pour mieux porter toute la morosité de sa musique.

Depuis Joy, les français enchaînent les sorties mémorables et progresse dans un son ancre dans le metal hardcore. D’abord plutôt moderne, Devotion les vois embrasser un peu du riffing des derniers albums de Kickback tout en continuant à se démarquer par une atmosphère morose, au bord du désespoir. Le groupe rejoint ainsi de nouveau un peu de l’univers de la dark fantasy de Dark Souls, non seulement dans son nom, la pochette de son disque ou un titre comme Fortress, mais surtout par leur musique qui dépeint une forme d’isolement face à des terreurs insondables propre aux challenges pose par les jeux de From Software.

Le groupe prend aussi une dimension supérieure dans l’écriture de morceaux ou tout s’enchaîne sans jamais ressentir l’impression de passer d’une partie à une autre. La production d’Amaury Sauvé (Plebeian Grandstand, Birds in Row, Mourir…) y contribue avec un grain plus black metal (le final Someone’s else skin voit le groupe sortir des riffs à la Deathspell Omega) qui n’appuie en revanche pas autant la rythmique et dissipe un peu de la puissance qu’on trouvait dans les compositions de Pleasures.

Devotion permet a Sorcerer d’affirmer encore plus son identité avec un disque plus personnel, absolument pas ancre dans la tendance pour les groupes de hardcore rentre dedans, et se démarque ainsi avec intelligence de ses contemporains. Il faudra sûrement plusieurs écoutes pour bien l’apprécier mais les morceaux de Devotion le méritent amplement.