Stik Figa & Dj Sean P – Pookey: Stik Figa finds Himself

Le backpack, le rap indépendant, des genres réhabilités ces dernières années par la nouvelle vague indépendante et une forme de réconciliation avec des productions plus intimistes et un discours plus personnel, inspirés de De La Soul, des Freestyle Fellowship ou encore d’Organized Konfusion. De cette époque, bon nombre des rescapés des labels Def Jux, Anticon et Rawkus ont pris leur retraite ou ont persévéré pour un public fidèle mais plus restreint. De cette époque, Stik Figa a débuté après l’heure de gloire mais n’a pas abandonné pour autant sous prétexte d’un manque de couverture médiatique.

Avec Dj Sean P, il prends donc le temps de jeter un regard en arrière une derriere, pour conclure cette trilogie autobiographique, sans s’engouffrer dans la nostalgie mélancolique des productions d’Apollo Brown et s’adjoint plutôt au regard mature et mesure d’Open Mike Eagle sur son dernier disque, Component system with the auto-reverse, dont le titre et les invités faisait déjà échos au backpack d’antan.

A l’aide de références sous forme de sample scratché, de dédicace aux héros défunts de la scène alternative (Doom, Old Dirty Bastard) ou de conversation enregistrés à la maison avec sa famille, Pookey, sous titré Stik Figa finds himself mérite bien son nom tant les morceaux paraissent être une série d’affirmation du rappeur et du producteur envers leur passion pour une musique à travers laquelle ils se sont trouvés, dénué d’emphase et ou les critiques sont adressés plus souvent à soi-même avec humilité. La pochette photographie dans son environnement naturel d’un disquaire entouré de contemporains et de ses influences, et saisis par les mains du rappeur comme un miroir, offre une dimension supplémentaire au disque à la fois ancré dans une histoire révolue et le reflet d’une réalité en mouvement comme les bacs des disquaires ou les albums trouvent de nouveaux voisins pour être dénichés par de nouveaux fans dans un contexte toujours différent sans perdre en pertinence pour l’auditeur.

Entre les références soul, les souvenirs personnels, les moqueries (la conclusion de Wannabe) et les messages adressés au rappeur par ses proche, et des beats entre boom bap et trap, les deux artistes font de ce disque autobiographique un parcours dans lequel on se sent constamment invités à placer le miroir devant son propre visage et réfléchir à son propre parcours avec une bande son un peu rétro mais toujours fraîche.