[Live Report] Deafheaven a Paradiso (Amsterdam)

Avec Infinite granite, Deafheaven n’aura pas scier la planche placée entre le black metal et le post rock mais fait un pas, pas si surprenant, vers un son beaucoup moins agressif et un public plus rock. Cependant, à en voir le nombre de personnes présentes dans la salle pour leur concert dans la grande salle du Paradiso (300 personnes ont vu de nez), leur public avait répondu présent pour fêter leur retour pour leur première grande tournée européenne depuis la fin de la pandémie.

Ma quête de boules quies avant d’entrer dans la salle m’aura fait manquer la majeure partie du set de Whistler chargée d’ouvrir pour cette partie de la tournée. Cependant, les deux derniers morceaux des danois m’ont donné l’impression d’un groupe capable d’un mélange de shoegaze et de post-rock très sage mais bien exécuté. Rien d’audacieux à l’horizon hormis un batteur plutôt bon et capable de placer un blast entre des couches de guitares aériennes.

Une fois sur scène, Deafheaven commence son set avec trois morceaux extraits d’Infinite granite. Première surprise, l’absence à la seconde guitare de Shiv Mehra remplacé par un illustre inconnu, tout aussi capable mais d’évidence pas si sûr de lui et mis un peu trop en retrait dans le mix. La deuxième surprise est de découvrir le jeu toujours aussi démonstratif de George Clarke sur les morceaux d’Infinite granite ou je l’avais imaginé statique derrière un pied de micro. Le chanteur donne néanmoins une très bonne performance, plus dynamique que sur disque, contrairement aux premiers échos négatifs venus des Etats-Unis sur sa capacité à tenir le chant clair. Si problème il y avait, il les a effacés par la pratique et assure donc sans problème son rôle de meneur de jeu. Il s’autorise même à parler plus avec le public entre les publics pour quelques banalités, une autre nouveauté pour un groupe auparavant très silencieux.

Toujours aussi énergique sur scène, l’évolution du groupe n’a pour autant pas affecté la qualité de l’interprétation des morceaux. En revanche, le son dans la salle semble plus approprié aux morceaux les plus récents du groupe. Le changement se ressent quand le groupe retourne vers des morceaux plus metal. Honeycomb passe bien mais le tempo plus soutenu de From the kettle onto the coil ne semble pas convenir aux enceintes d’une salle pas très habitué aux blast beats. Le groupe passe ensuite a Worthless animal avant de revenir sur deux morceaux d’Infinite granite pour terminer cette première partie du concert. Au total, cinq morceaux du dernier album (Shellstar, In blur, Great mass of color, The gnashing, Monbasa) ont été interprétés et deux de Ordinary corrupt human love. Un choix assez radical pour une setlist beaucoup plus orientée vers les morceaux les plus calmes du groupe, à l’opposé de leur set a l’Outbreak festival il y a deux mois ou le groupe avait commencé par Black brick et écarté toute trace de post rock de sa setlist.

Fort heureusement pour les spectateurs venus avec des tee-shirts Spectral Wound ou King Nine, le rappel offre au public deux des titres les plus métalliques du groupe. Le public en apparence ensommeillé durant la majeure partie du concert malgré les efforts du groupe sur scène pour interpréter leurs morceaux avec énergie est enfin réveillé par Brought to the water au point de voir apparaître une fosse devant la scène et du stage dive! Le son est alors à son meilleur en comparaison avec le reste du concert et peut se terminer avec une glorieuse interprétation de Dream house accueillis avec enthousiasme par l’intégralité du public et jouer avec le sourire par le groupe.

Le Deafheaven nouveau n’en a de toute évidence pas fini avec le black metal mais ils ont démontré avec Infinite granite avoir plus d’une corde à leur arc. Les amateurs du dernier album seront heureux de voir les morceaux écoutés durant la pandémie être aussi bien joués et les vieux fans pourront se rassurer de voir leur groupe favoris continuer de prendre autant de plaisir à exécuter leurs compositions les plus intenses.