[Mixtape] 10 Disques cultes des années 90

Nirvana, De La Soul, Nine Inch Nails, Bjork, A Tribe Called Quest, la décennie 90 aura délivrées des pages maintenant essentielles de la culture musicale populaire. Des disques comme Post, Low end theory ou The Downward Spiral représentant l’alternative à une musique populaire et devient aujourd’hui les albums de chevet de la nouvelle génération. De cette floraison créative il reste néanmoins beaucoup de disques un peu moins célèbres par le grand public, peut-être tout aussi influents, ou d’autres juste excellent dans leur domaine et enterrés sous la vague des concurrents. Comme quoi le streaming n’a pas créé l’impression de ne jamais être capable de suivre toute l’actualité musicale quand autant de très bon disque finissent par être oubliés faute de temps pour les écouter proprement, ou car la concurrence a sorti un hit juste un peu plus efficace. La liste est donc exhaustive, faites pour vous faire grogner devant l’oubli d’une pierre juge comme angulaire ou juste vous replonger dans un album perdu sous une commode, ou dans les pages des services de streaming.

Lords of the UndergroundHere comes the lords (1993)

Le trio formé par DoItAll, Mr. Funky, et DJ Lord Jazz et originaire du New Jersey avait fort à faire à l’époque face à leur concurrent principal dans le rayon du rap funky, les Leaders of the New School, et il y a de fortes chances que la sortie de leur second album T.I.M.E. la même année finit par éclipser ce premier album. Difficile de faire face à la bande à Busta Rhymes malgré un disque rempli de banger et aucun album ne suivis pour leur permettre de remonter la pente. Here comes the lord contient pourtant de quoi vous faire sautiller tout seul avec un enchaînement de titres au beat dévastateur de DJ Lord Jazz et aux flows hyperactifs des deux rappeurs DoItAll, et Mr. Funky.

Only Living WitnessProne mortal form (1993)

Formé par des ex membres de l’obscure groupe de thrash Formicide, et ensuite associé à la scene hardcore, Prone mortal form propose pourtant des morceaux dignes de rejoindre les playlists grunge et fait de son succès confiné à ce seul un mystère inexplicable quand on considère le charisme de la voix de Jonah Jenkins (connu des fans de Converge pour son apparition sur l’album No heroes) et les mélodies poignantes de Craig Silverman et Kevin Stevenson. À croire qu’il aura fallu de la sortie de River runs red de Life of Agony la même année pour leur faire de l’ombre. Le mélange de voix grunge et de riffs muscles a mi-chemin entre le metal et le hardcore eu droit a un revival des années plus tard avec l’arrivée de groupe comme Twitching Tongues ou Age of Apocalypse mais les deux albums du groupe, réédités depuis ensemble en CD et en vinyle, reste encore le mètre étalon dans le style.

QuicksandSlip (1993)

Usé jusqu’à la moelle depuis par tous les groupes signés sur Run for Cover Records (Title Fight, Superheaven, Narrow Head) ou par le groupe le plus connu originaire de Sacramento, Slip aura beau être sorti à l’epoque chez Polygram, il n’aura pas bénéficié de l’aura de légende du New York Hardcore de son chanteur guitariste, Walter Schreifels (Gorilla Biscuits, Youth of Today) pour toucher un plus grand public. Auteur sur ce disque de 12 compositions toutes plus inoubliables les unes que les autres, le hippie du hardcore influencera pourtant et continue encore aujourd’hui d’accompagner des générations de musicien avec ce troisième groupe dont le premier album est encore aujourd’hui aussi remarquable. Enfin, malgré son départ acrimonieux des Deftones, il ne faudra pas oublier que Sergio Vega, bassiste du groupe, a permis au groupe de trouver un second souffle après la disparition tragique de Chi Cheng.

FilterShort bus (1995)

À la sortie de son premier album, Richard Patrick, le frère du T-1000 de Terminator 2, ne voulait pas voir sur son disque un sticker rappelant son passage au sein de Nine Inch Nails, et aurait fait virer un marketeux pour avoir manqué à sa demande. L’influence de la musique de Trent Reznor sur Filter semble pourtant évidente pour un disque en plein dans son époque avec ses morceaux acoustiques quasi-grunge et ses effets digitaux orchestrés par le duo Patrick et Liesegang dont l’association ne durera que le temps de cet album. Sans arriver à la hauteur de ses contemporains dans la catégorie du rock industriel, Short bus est une série de hit pour les amateurs de rock 90s et vaut le tour rien que pour le monumental single d’ouverture Hey man nice shot ou des titres plus obscures comme Gerbil ou Take another.

Mad SkillzFrom where??? (1996)

Originaire d’un coin peu propice pour trouver le succès comme rappeur, le MC de Virginie possède pourtant le talent au micro pour s’imposer comme un rimeur de haut niveau capable d’impressionner les aficionados du rap New Yorkais offensif. Ce disque restera pourtant une pièce unique, faute sûrement à un désintérêt populaire pour les rappeurs dans son style, jusqu’à ce le MC décide de faire disparaître le Mad de son patronyme et de relancer sa carrière chez Rawkus en 2002. La réédition en 2011 de ce premier album, en partie grâce à la présence de deux morceaux produits par J Dilla (Its going down et The Jam), aura néanmoins permis aux fans du style de redécouvrir ce disque et ses beats claquant dominé par un rappeur au flow toujours aussi puissant et aux punchline efficace (à l’exception de quelques remarques homophobes…). À noter que l’instrumental de The Nod Factor sera réapproprié par Madlib sous son pseudonyme de Quasimoto pour le morceau Broad factor.

CandiriaBeyond reasonable doubt (1997)

« Si vous possédez ce disque, nous vous remercions pour votre soutien. Si vous ne possédez pas ce disque, vous êtes probablement en train de vous demander si vous voulez ce disque. Dans ce cas, prenez bien votre temps car l’album dure 52 minutes. » Le message inscrit au dos du livret de Beyond reasonable doubt en dessous des remerciements démontre bien le réalisme des musiciens quant à la difficulté d’approche de leur musique influencée par tout le spectre des influences vivantes dans les salles de concert New Yorkaise. Du rap au hardcore en passant par le jazz, Candiria maîtrise tout et propose une musique situe au carrefour de tous les styles. Beyond reasonable doubt était déjà en 1997 la définition d’un disque d’avant garde et il reste encore aujourd’hui une question posée à tous les musiciens désireux d’innover: Êtes vous capable d’être aussi audacieux que ça? L’album a depuis été remasterisé et réédité dans une version digipack agrémenté de bonus dont une sympthatique reprise de Bring the pain de Method Man.

HandsomeHandsome (1997)

Musicien culte du New York Hardcore pour sa participation a Iceburn, le chanteur et guitariste Jeremy Chatelain avait assemblé avec Handsome une belle galerie de musicien dont Tom Capone (Quicksand), Peter Mengede (Helmet) et Peter Hines (Cro-Mags) pour sortir leur premier album chez Sony après être passé dans les studios de Terry Date (Deftones, Pantera, Soundgarden…). Succès garantie ou échec commercial, la balance pencha du côté droit et le groupe finit par se fragmenter malgré un disque exceptionnel à mi-chemin entre les riffs d’Helmet et les mélodies dissonantes de Quicksand. Encore aujourd’hui, la voix douce de Châtelain contrebalance pourtant parfaitement le groove des morceaux doublés de mélodies destinés à influencer des générations de groupe d’emo mais resté lettre morte à l’époque. Difficile pourtant de trouver à redire sur ce disque encore facile à trouver pour trois sous dans les bacs à soldes.

CavitySupercollider (1998)

Sorti sur le label Man’s Ruin, connu pour son catalogue de groupe au son de guitare très épais (Unsane, Kyuss, High on Fire), Cavity avait une place parfaite mais dû attendre la réédition en 2002 de ce monument pour atteindre un plus large public (mais pas tant que ca) avec leur sludge imbibé de punk. Entre des interludes noise et des mélodies blues, Supercollider maintient une tension et une cohérence remarquable tout du long pour offrir un voyage sonique sublime pour toutes celles et ceux capable de trouver du charme dans des riffs agrémentés de larsens en forme de point d’exclamation. La face B de My war de Black Flag a trouvé ici son parfait successeur.

KnutBastardiser (1998)

L’héritage de Deadguy aura fait du chemin depuis le New Jersey et trouvera dans le groupe suisse une alternative encore plus désaxée et lente. Pas de grande surprise ici quand au manque de succès commercial d’un disque aussi difficile d’approche tant par sa beauté grotesque que par sa complexité. Sorti la même année que Forever comes crashing, le premier véritable album de Converge, Knut propose ici une version beaucoup plus massive et cohérente de ce que l’on classifiera plus tard sous l’étiquette de mathcore mais categorisé a l’époque comme hardcore chaotique à côté de leurs confrères français d’Ananda. Plus de vingt ans plus tard, Bastardiser reste encore un monument de causticité et de malaise sonore maîtrisé à la perfection par de jeunes musiciens aux yeux fixés vers l’horizon.

TurmoilThe process of… (1999)

Tout à la fin d’une décennie marque par des disques novateur dans le milieu hardcore (Deadguy, Disembodied, Bloodlet) on trouve encore des musiciens capables de réinventer le hardcore sous une nouvelle forme à la fois angulaire et direct comme un uppercut tout aussi puissant sur disque qu’en concert pour les avoir vu en tournée de reformation en compagnie de Most Precious Blood. Depuis leur Pennsylvanie natale, Turmoil offre avec son second et dernier album (malgré une tentative de reboot des années plus tard avec un nouveau chanteur) une série de morceaux à la section rythmique incroyable par leur groove et leur capacité à faire bloc contre les oreilles des auditeurs. Novateur et pourtant fidèle au feeling énergique et enragé des meilleurs disques de hardcore, The process of est un chef d’oeuvre souvent oublié mais dont la passion et l’intelligence continue de faire des petits comme en prouve des groupes comme Axis (dont les guitaristes jouent aussi dans Gouge Away), Piece of Mind ou Typecast.