[Mixtape] Une introduction a Cave In – Du hardcore metal au space rock

Comment débuter avec Cave In? vous demandez vous peut-être alors que le groupe s’apprête a sortir son douzième album avec maintenant dans ses rangs le bassiste de Converge, Nate Newton. Avec une vaste discographie vieille de trente ans, la tâche d’explorer une telle histoire a de quoi rebuter, et il y a de quoi avec toutes les transformations opérées par le groupe depuis ses débuts en 1995.

Alors, par où commencer pour écouter du Cave In? Et bien, comme tous les grands groupes, ça dépends de ce que vous préférez écouter. Vous aimez le hardcore chaotique à l’ancienne? On en a. Le rock progressif? On en a aussi. Le rock indé? Il y en a aussi. Un mélange des trois? C’est possible. La carrière de Cave In a toujours été guidé par leur abondante créativité et en fait donc une figure inclassable issu pourtant de la même scène que Converge et Coalesce mais dont les disques les auront portés en ouverture de Muse pour aboutir aujourd’hui en tête d’affiche de festival Metal comme le Decibel fest ou de programmation plutôt hétéroclite comme celle du Roadburn.

Pour faciliter les choses, j’ai choisi de découper leur carrière en deux parties, d’abord de 1997 à 2000 durant lesquels le groupe signa deux de ses albums les plus iconiques, puis de 2002 à 2022 ou leur production devient plus sporadique.

Beyond hypothermia (1998)

Comme tous les groupes de hardcore, Cave In a commencé sa carrière en partageant de nombreux splits EP avant de sortir son premier disque entièrement à eux. La compilation Beyond hypothermia parcours dont les débuts du groupe avec des morceaux enregistrés avec deux chanteurs et deux bassistes différents que pour Until your heart stops, et comprends des compositions extraites de split avec Gambit, Early Grace et Piebald.

Crossbearer est le premier titre de Beyond hypothermia et fait partie de la troisième session d’enregistrement pour le groupe, partage entre les mois de Janvier et Février 1997. C’est aussi l’un des deux derniers titres enregistré avec le premier bassiste du groupe, Justin Matthes. Avec son riff d’intro lancinant et sinistre suivis de courte rafale de blast et d’une structure decomposé en de nombreux courtes parties, il illustre très bien les débuts du groupe influencé par le son de Rorschach, ou des débuts de Converge (où Stephen Brodsky jouera de la basse a l’epoque de When forever comes crashing) et montre pourtant une volonté d’incorporer plus de mélodies malgré un chant clair très approximatif et les voix déchirées de Dave Scrod (Buzzov-en) et de Jay Frechette.

Until your heart stops (1999)

Premier véritable album complet de Cave In, et le premier avec le line up dit historique du groupe. Caleb Scofield (rencontré en tournée et tout frais du rôle de chanteur dans le groupe de hardcore Strike 3) prends son poste à la basse, Stephen Brodsky devient chanteur et le groupe peut commencer a prendre ses marques pour imposer un style décrit à l’époque par le magazine Kerrang! comme la rencontre de Slayer et de Radiohead. Fort de son expérience dans Converge où il dit avoir beaucoup appris de la manière de composer du guitariste et producteur Kurt Ballou, le guitariste/chanteur Stephen Brodsky et le reste du groupe ont l’ambition de créer un album consistent, articulé par des transitions noise, écrites par Brodsky, pour lier les monstrueuses compositions où s’accumulent des dizaines de riffs et de rafales de doubles grosses caisses du batteur John-Robert Conners, le tout influencés par Slayer, Entombed ou encore Deïcide.

Symbole aussi de l’évolution du groupe, les membres de Converge autrefois des influences, contribuent au disque. Le groupe enregistre au studio God City de Kurt Ballou tandis que Jacob Bannon réalise la pochette .Les deux musiciens contribuent aussi chacun un peu de chant a différents morceaux en compagnie de beaucoup d’autres proches du groupe dont Jay Randall ou de l’un de leur ami de concert, Matt Lacasse.

Avec ses nombreuses évolutions, Halo of flies présente déjà tous les signes d’un groupe capable d’étendre ses ailes au-delà de ses premières influences et plus confiant avec une structure élaborée et dépasse la ribambelle d’idées mis bout a bout sur les morceaux de Beyond hypothermia. Le nombre considérable de riffs rappelle aussi la surenchère d’And justice for all avant le passage au format pop sur le Black album. Rien donc de surprenant à ce que le groupe prenne ensuite de la distance avec le monde où ils ont grandi à l’instar de Metallica. Le succès du groupe est néanmoins bien moindre quand on compare les revenus de la bande de James Hetfield dont les excès Thrash les portait en tête d’affiche de stade avant de devenir les rois de MTV, tandis que Cave In joue alors dans des salles vides dans des coins paumés.

Creative eclipse (1999)

La même année, Cave In sort donc un EP surprise pour des fans venus avec l’attente de nouveaux morceaux de metal hardcore et accueillis à la place par une série de titre acoustique. Le groupe en a déjà un peu marre morceaux difficile à retenir et a jouer, et des fans violents attirés par l’extrémisme sonore de leur album précédent. Ils ont aussi surement fait le tour de ce qu’il voulait atteindre avec leurs enregistrement précédent. Le temps est venu de voir plus loin des frontieres, vers le rock progressif et le rock indé dont ils étaient aussi fan a l’époque.

La composition de l’album Jupiter a commencé puisque Luminance fait partie des sessions de composition, tandis que le groupe en profite aussi pour reprendre une de leurs influences, Failure, dont l’album Magnified leur a donné envie de voir bien plus loin et d’expérimenter comme cette icone, alors un peu oublié, du rock alternatif de la décennie en train alors de se terminer.

Jupiter (2000)

Premier pavé dans la marre et deuxième album hissé au rang de classique, Jupiter écarte « presque » (hormis quelques cris durant Big riff) toutes les influences hardcore du groupe pour devenir une formation rock. Le cocon autour du groupe se fend complètement et après avoir présenté une volonté de se dépasser, le quatuor montre tout son talent dans l’écriture de morceaux, qu’importe le genre que l’on veut leur imposer ou les insultes homophobes jettés par des fans de leurs anciens albums durant leurs concerts. Un désir refleté par les paroles du titre choisit ci-dessous:

In the stream of commerce we’re afloat / And unafraid to sail a sinking boat / Honestly my hand is on the plug / It says here right on my dotted line.

Encore aujourd’hui, Jupiter sonne comme un album resplendissant, plein d’ambition et de joie de créer ensemble, entre pote. Cette marque de fabrique fera de Cave In un groupe dont on peut se sentir proche grâce à cette connivence évidente entre des musiciens capables de se motiver les un les autres pour partir explorer de nouvelles galaxies.

Haste creates waste / Keep your eyes on the road / You might be able to drive / Now you’re so lucky to be alive / No one to drive.

Après quelques années passées derrière un micro, Stephen Brodsky montre enfin tout son talent de chanteur sur In the stream of commerce avec des contorsions vocales dignes des plus belles sérénades et employés ici pour donner encore plus de coffre a une mélodie stratosphérique digne du titre du disque tandis que les notes de guitare se dispersent comme des poussières d’étoiles étincelantes en conclusion. Grace à sa participation dans des ateliers d’écriture, les paroles de Stephen Brodsky s’embellissent aussi et deviennent plus riches en effet de style pour mieux retranscrire la maturité du groupe. Il semble ainsi se parler à lui-même dans ses paroles et il s’encourage, ainsi que ses compagnons, à tout abandonner et se libérer de leur angoisse et des attentes imposées par tant d’autres.

Le groupe jette toutefois à l’époque un regard très critique sur ses anciennes compositions et semble les associer a un public avec lequel ils ne veulent plus rien avoir à faire, allant jusqu’à décrire ces anciens morceaux comme étant mal composés. De plus, la difficulté pour Stephen Brodsky d’alterner entre des morceaux au chant crié, et des chansons en chant clair, rend impossible la tâche d’inclure toutes les périodes du groupe dans leur set (alors que Caleb Scofield serait parfaitement capable de les assurer, et le fera par la suite) et tous les titres de Beyond hypothermia et Until your heart stops disparaissent des set-list. La fin d’une époque, en somme.