Citadel – Remember your past (Duality Records, Cold Dark Matter Records, Enter The Void Records, 2022)

La présence d’Emperor en tête d’affiche de nombreux festival le montre bien, il y a encore des nostalgiques du black metal dit symphonique, genre moribond encore représenté seulement par Cradle of Filth (si l’on considère encore les derniers albums du groupe comme étant dans ce style) parmis les grands noms du genre dans les années 90. Depuis, les adolescents aux ceintures cloutées ont quittés les salles de classe après y avoir gravés des pentagrammes à coup de compas pour faire leurs groupes dans des styles bien différents. Même Wolves in the Throne, les héros du black metal nouvelle génération, a bien montré son héritage sur leur dernier album très influencé par le son des débuts d’Emperor.

Citadel réunit donc des héros de la scène black metal moderne pour faire revivre l’espace d’un album le black metal symphonique avec un disque au nom évocateur, Remember your past. Avec entre autres des ex. The Great Old Ones (Jeff Grimal à la guitare et au chant et Léo Isnard a la batterie), ce projet orchestré par Meddy Beaufils Motte se veut un hommage aux vieux groupes de black metal épique à clavier, ainsi qu’aux jeunes de Der Weg Einer Freiheit, sous la forme de sept compositions pour tracer le récit de cents personnages différents.

Néanmoins, bien que son regard porte vers le passé, Remember your past propose une musique denuée des écueils des disques pompeux et grandiloquent de l’ancien temps. Pas de mélodies aux violons pompés sur Danny Elfman, pas de prétention à faire des morceaux Wagnérien sans les moyen d’un grand orchestre et encore moins de parties de clavier dignes d’un orgue de barbarie, Citadel est allé à bon école et appris à écrire des morceaux avec tout le charme et l’atmosphère des vieux disques de Dimmu Borgir (avant que leur ego n’explose les limites de leur talent) ou Enslaved avec des envolées guitaristiques mixé à des choeurs artificiels pour une atmosphère capable d’évoquer la conquête de territoires aussi etoiles que la pochette réalisée par Jeff Grimal que des quêtes en forêt norvégienne a la recherche d’un groupe de troll.

Malgré une durée moyenne de cinq à six minutes, les compositions offrent une narration varie tandis que l’interlude a la guitare acoustique à la fin de The Road permet aussi à l’ensemble du disque de respirer et d’en faire un recit cohérent bien plus agréable que les albums extrêmement épiques dont les musiciens s’inspirent. En revanche, même si les claviers sentent bon la nostalgie sans tomber dans la parodie, et les voix démoniaques semblent tout droit sortir de robe de magicien noirs, le son très artificiel de la batterie manque un peu de coffre, notamment durant les accélérations au rendu très plastique facon machine a ecrire lance au galop (néanmoins dans le style des productions de l’époque).

Hormis ce seul détail dont la présence ne fait pas trop obstacle à l’appréciation des compositions, Remember your past constitue un disque très plaisant pour quiconque apprécie un jour l’ambition de la seconde génération des black metalleux norvégiens ou le metal épique à la narration maîtrisée.